De retour sur le vieux continent, la réalité m’a vite fait déchanté. Et Quelle réalité !
Je la suivais l’actu, même de l’autre côté de l’atlantique. Donc je parlerai de New York après, car il y a plus urgent.
Et puis j'avais bien dit que ce blog me servirait aussi de passerelle sur la politique !
J’aimerai parler d’un pays, un pays qui m’est très cher, que d’aucuns m’en disent traitre parce que je le juge et que d’autres m’en disent pas légitimes. Et pour cause…
Ce pays dont je parle est un petit pays dont la moitié donne accès sur la mer. C’est un pays ensoleillé où les pâtisseries sentent bon l’eau de fleur d’oranger et qui se trouvent pourtant parmi les 10 pays les plus autocensurés DANS LE MONDE !
C’est un pays qui se trouve sur le continent africain, Terre Mère, et qui a eu son autonomie en ’54 et son indépendance en ’56 au prix du silence du 1er président, je nomme Mr. B.
Je ne vais pas aller cherche trop loin dans l’histoire mais Amnesty International comptait déjà 2000 prisonniers politiques en 1983 dans les prisons du même pays. Donc disons clairement, la dictature ne date pas du dernier président en date mais de bien avant. N’oublions pas aussi que l’indépendance a aussi été acquise grâce à un grand homme qui a donné SA vie à ce pays, un homme qui n’est jamais partie en exil comme ce Mr.B. , Mr. Farhat Hached !
Mr. B s’est agrafé au siège présidentiel de ’54-56 à 1987, date à laquelle il subit le coup d’état de l’actuel président de la « République », Mr. BA. Un coup d’état exécuté tout en douceur et avec l’appui de la famille de B. (mais ça c’est officieux).
Mr. BA est donc président de ce pays qui m’est cher depuis 1987-88. Il veille sournoisement à son siège et a crée autour de lui tout une structure pour pouvoir se prémunir de ce qu’il a fait subir à son prédécesseur en 1987.
La méthode est simple : faire comprendre au peuple que sa coopération ne peut être que bénéfique au développement du pays par la voix du silence. Mais Mr. BA y ajoute une chose c’est la méthode du Reporting. Et votre voisin peut être votre pire ennemi.
Vous êtes un ennemi si vous êtes intelligent, étudiant, résonné. Il a réussi à créer de la paranoia, de l’angoisse et de la crainte chez tous ses citoyens.
Il a réussi à isoler la vérité de ce pays au monde entier et à eux de ne jamais se douter de ce que vivent ces citoyens.
Je ne peux pas m’empêcher de dire un mot quand on me parle de ce pays. Je suis obligée de dénoncer quelques vérités sur ce pays qui parait alors tranquille et sans soucis.
J’ai entendu dire que le gouvernement devait Contenir la rogne de sa population au risque de perdre des contrats économiques.
J’ai lu et entendu que ce peuple ne pouvait pas vivre sans oppresseur… Mais comment peut-on le savoir s’il n’a jamais vécu sans oppression ?!
Un prisonnier qui a vécu toute sa vie menotté ne peut pas savoir ce qu’est la liberté !
Et bien le peuple dont je parle est ce prisonnier !
On m’a aussi dit qu’il ne fallait pas que je me plaigne car dans ce pays les femmes ont des droits que n’ont pas d’autres pays !
Et bien c’est avec tout ça, que le gouvernement en question maintient la pression.
Et oui, « Ne vous plaigniez pas, vous avez déjà beaucoup !! ». C’est d’ailleurs la même phrase qu’on entend dans les services publics.
Je n’ai pas toujours vécu avec cette idée de mon pays, jusqu’à ce qui j’y séjourne pour raison professionnelle. J’avais à peine 19 ans et tous mes collègues dénonçaient cette espèce de dictature affligée par leur pdg, leur président de la république. J’ai vu des employés se faire maltraités, insultés et gardés le silence pour leur famille.
Et puis je ne remercierai jamais assez mon responsable de stage de m’avoir ouvert les yeux.
Début des années 90s, il est mis en cabane avec son père pendant 11 mois parce qu’il était professeur, portait la barbe et allait prier à la mosquée. Aucune enquête. Il n’a pu récupérer sa liberté totale qu’en 2002, l’année même où j’ai travaillé avec lui parce qu’entre temps, il devait signer au commissariat régulièrement pour que sa famille n’est pas d’ennui. Il venait justement de la même région que notre Mohamed Bouazizi (AYH)
Mais vous apprenez aussi que les comptes se règlent dans les cimetières, que l’état a sa milice et peut débarquer chez vous à n’importe quel moment prendre votre frère ou votre père. Que le métier d’avocat n’est pas noble (Et mon grand-père qui souhaitait tant me voir dans cette fonction…) et que pour réussir il faut se corrompre un peu.
Sauf qu’auj, BA n’est plus seul. Sa belle-mifa a les bras longs tellement longs qu’ils deviennent de plus en plus gênants pour le BA. Des évènements tels que le trafic de hors-bords et d’hôtels ont failli laisser plus d’une fois BA sur le carreau.
J’ai envie de dire tellement de choses sur ce pays, encore et encore dénoncer le nombre d’artistes scellés, de journalistes renvoyés, d’intellectuels supprimés, internet censurés, des flics en amphi de fac, des journalistes étrangers attendus par des douaniers aux aéroports, des jeunes de 15 ans enfermés parce qu'ils ont écrit des chansons de rap sans prévenir les parents, les émeutes aux frontières libyennes aussi… mes mots ne suffiront pas je pense à vraiment faire ressentir ce que cette population souffre, ce pays souffre, La Tunisie.
J’aimerai que le sacrifice fait par ces jeunes soient utiles, j’aimerai que ce pays puisse dire tout haut ce qu’il pense tout bas, j’aimerai pouvoir dire « Merde » librement à la politique répressive de ce président sans qu’on me dise « Tais toi ! on nous entend ! ».
Car je manque d’air quand j’y suis et j’en manque tellement que je m’y sens mal et oppressée.
Mais j’ai ce respect pour ce peuple qui vit asphyxié tous les jours, car on ne peut les comprendre que lorsqu’on y vit.
Ils ont fait le sacrifice de leur liberté au profit de vivre dans le calme apparent…
On leur a dit « au moins vous avez l’indépendance ! de quoi vous plaignez vous ? »
Je n’ai pas envie de les blâmer car ce peuple a plus besoin d’aide que de reproches aujourd’hui pour avancer. Ils ont peur du Chaos et du changement. C’est de l’appréhension et c’est ce qui se passe quand un peuple a toujours vécu dans ces conditions.
Avant d’écrire ce texte, j’ai tout de même bien hésité, en me disant « je vais peut-être être fichée, c’est si simple de nos jours. Et ma famille aussi ! »
Mais je suis en France, et j’ai ce droit que je ne compte pas vendre, celui de « La Liberté d’Expression ».
Alors j’ai cette chance qu’eux n’ont pas. Je ne me fais pas porte-parole mais je me rappelle des paroles de tunisiens qui me disaient « ah en France vous avez de la chance, vous êtes libre de parler sur la politique, Sarakozy etc ! » et moi de répondre « bah ouai, c’est pépère enfin parfois il soule! ». Mais soyons honnêtes, c’est incomparable ! Non parce que essayez de me trouver un groupe FB anti-BA ...
Donc allons-y !
Je sais que tous les réseaux sont surveillés et que beaucoup n’osent pas parler et font passer des messages subliminaux. Je déplore cette technique car elle fait parfois passer le vrai message pour de la communication diplomatique. C’est typique tunisien, le sens indirect.
Je ne suis pas pessimiste mais BA n’est pas assez « mure » pour sauter (pas encore assez de failles autour de lui) et S. N’a pas encore envie de couper les ponts économiques avec la Tunisie.
Pour conclure, j’ai encore peu d’espoir de voir aujourd’hui, LA révolution qui changera le gouvernement.
Mais c’est une amorce.
Je regardais des vidéos de ce qui se passait là-bas (oui oui on en trouve) et puis j’entends l’hymne Tunisienne…
L’association entre la vidéo et ce chant me donnait envie de pleurer. Et puis je me suis souvenue de ce qu’une amie me disait : « Mais votre hymne c’est une hymne de Guerre ! »
Et bien je trouve qu’au contraire elle est révolutionnaire, belle et parfaite pour le moment !
Je parle de la Tunisie mais je n'oublie pas aussi : la Birmanie, le Tibet, la Palestine, le Sri Lanka, La Chine et bien d'autres qui ne savent pas/plus ce qu'est être LIBRE !
Encore une chose, je pense que les médias français et même autres ne feront pas bon usage à long terme de ce qui se passe en Tunisie. Mais ce pays doit passer aussi par ce genre de gêne pour encore une fois changer. Et d'ailleurs pour beaucoup, c'est déjà fini. Alors que ce n'est qu'un début...