7 nov. 2011

Un tabou


C’est une fin comme toutes les fins, ton corps sur la table des défunts.
Tu es allongé, bien pâle et inanimé. Ils avaient pensé te soigner, toi si touché par la maladie dont on tait aujourd’hui le nom. Les médecins se sont eux aussi écrasés sous la superstition. Ils disent que c’est le mal du siècle et que ta mort serait le début de notre déclin.
Tu étais pourtant passé entre les mains des plus grands de ce monde : pitié, humanité, générosité, humour, amitié, rire, baiser, les livres saints et bien d’autres qui n’ont pu sauver ta santé.
Tu étais le plus beau, petit être tout d’or vêtu, un visage parfait, de ceux qu’on dit essentiel. Tu avais fait ta place parmi nous depuis tant d’années. Certains même refusent ton décès et rejettent même l’idée que tu ne sois plus à nos côtés.
La réalité est dure. Encore vivant, tu devenais rare par la maladie et nous manquait bien déjà, toi à titre de poésie coquine ou bien comme bon saint. Ta présence éveillait tant d’émotions en nous, de la plus valeureuse à la plus douloureuse, en passant par la plus violente ou la plus hormonale.
Certains ont eu la chance d’avoir été touchés par ta grâce. Et d’autres pleurent encore plus ta disparition. Et d’autres encore s’étaient déjà fait à l’idée de ne jamais te croiser, même si tu restais encore indéniablement le lien le plus direct entre nous tous.
Tes petites joues roses bonbon se sont bien flétries.

Au chagrin les beaux mots, au Paradis les idéaux, tu t’es aujourd’hui éteint pour un meilleur pays.

Amour, pardon de ne m’être pas assez battu pour toi. Mais j’ai vu mes jambes trop souvent se briser sur ton chemin. La fatigue et la résignation ont eu raison de moi et d’autres.

En espérant qu’un autre des tiens reviendra,

Avec tout mon futur amour,

Ten.


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